Scoliose en pédiatrie
Scoliose en pédiatrie (adolescents, jeunes adultes)
Principe
La déformation dépasse des valeurs angulaires critiques, qui peuvent amener précocement à l’âge adulte à un état douloureux, ou exposer à des complications neurologiques ou respiratoires.
Une intervention chirurgicale a donc été proposée. Celle-ci a deux objectifs :
- Réduire la courbure de la scoliose
- Rendre le montage « solide » à vie : c’est ce que l’on appelle l’arthrodèse (fusion osseuse entre les vertèbres)
Le 1er objectif est atteint en plaçant des implants dans les vertèbres (vis, crochets, et liens), qui seront reliés entre eux par des tiges qui permettront la correction dans les 3 plans de l’espace : correction de la déformation sinueuse de face, récupération des courbures physiologiques de profil, et correction de la rotation des vertèbres (donc de la gibbosité).
Le 2ème objectif, l’arthrodèse, est atteint en réalisant un avivement des vertèbres (« micro-fractures ») à la fin de l’intervention. C’est un geste rapide pendant le temps opératoire, mais le processus de fusion osseuse est un processus long par la suite (plusieurs mois), d’où la restriction dans certaines activités physiques l’année qui suit l’opération.
La chirurgie se déroule sous anesthésie générale, l’incision se fait dans le dos, sur toute la hauteur nécessitée par la déformation (le choix du nombre de vertèbres à opérer se fait en fonction de nombreux critères, et notamment de la souplesse ou non de certaines courbures).
Elle est réalisée sous neuromonitoring : il s’agit d’une machine de mesure, qui s’assure de l’absence de ralentissement de la conduction nerveuse de la moelle épinière, au moyen d’électrodes positionnées à divers endroits du corps. Ce neuromonitoring est contrôlé en permanence, du début de l’intervention jusqu’à la fermeture cutanée, par un neurologue, présent en salle d’intervention.
Le saignement est habituellement faible, mais le sang est récupéré par un appareil (le cell-saver), qui permet de réinjecter les pertes sanguines liées à l’intervention au patient (auto-transfusion) et éviter la fatigue post-opératoire liée à l’anémie.
L’intervention dure en moyenne 4h. La durée varie en fonction du nombre de vertèbres à opérer, de l’importance de la déformation, et de sa souplesse.
L’hospitalisation dure en moyenne 7 jours.
Le 1er lever est effectué le lendemain de l’intervention, en présence de votre chirurgien. Ce 1er lever n’est pas obligatoire, mais conseillé, car une mobilisation précoce permet d’accélérer la récupération de l’organisme (douleurs, transit intestinal, …)
La déambulation est effectuée dès le 3ème jour avec les kinésithérapeutes.
La sortie est autorisée lorsque le patient est à l’aise pour marcher seul, et pour monter et descendre les escaliers.
Une convalescence en centre de rééducation dédiée vous a été proposée. Elle n’est pas obligatoire, mais là encore, permet d’accélérer le retour à la vie habituelle. Elle dure 2 à 3 semaines, des exercices spécifiques à votre pathologie vous sont proposés.
Votre dos sera raide, c’est le principe de l’intervention, mais la souplesse que vous aviez avant l’opération ailleurs dans le corps (reste de la colonne, membres inférieurs), reste : les patients qui savent toucher le sol avec les mains avant l’opération savent encore le faire après. De plus, la zone malade de votre colonne vertébrale est par nature enraidie.
Les activités sportives « douces » (course à pied, vélo, natation) sont autorisées à 1 mois de la chirurgie. La reprise sportive +/- avec compétition peut être envisagée 1 an après la chirurgie, en fonction bien sûr de la sévérité de votre pathologie initiale et de l’étendue du montage chirurgical.
De principe les activités physiques à risque (sports de combats, sports extrêmes) sont déconseillées par la suite.
- Les risques liés à l’anesthésie vous seront expliqués par l’anesthésiste
- Le risque neurologique : très rare, il est de 1% tous risques confondus : il peut s’agir de radiculalgies (douleurs de type sciatique par exemple) ou de faiblesse / déficit neurologique dans un territoire donné (difficulté à relever ou baisser le pied par exemple). L’utilisation conjointe du neuromonitoring et de la radioscopie lors de l’intervention permet d’éviter la malposition d’implants.
- Le risque de paraplégie est exceptionnel : il est de 1/100 000. Cette complication grave a été décrite chez des patients qui avaient déjà des troubles neurologiques avant l’intervention, ou des anomalies de la moelle épinière (c’est la raison pour laquelle une IRM de la moelle épinière est réalisée dans le bilan pré-opératoire).
- Le risque de saignement : comme décrit plus haut, il s’agit d’une chirurgie habituellement peu hémorragique, mais dans certains cas de saignement abondant, une transfusion peut être envisagée.
- Le risque infectieux : extrêmement rare, il peut être majoré chez les patients avec un handicap neurologique lourd pré-existant, ou si la chirurgie s’étend assez bas au niveau du dos
- Le risque de non-fusion (pseudarthrodèse) : il est rare dans cette tranche d’âge de la population, et est probablement méconnu. Mais cette complication peut être diagnostiquée parfois des années après la chirurgie. Habituellement, l’absence de douleurs plusieurs mois après la chirurgie, et la non modification du montage sur les contrôles radiographiques, sont des arguments forts pour penser que la fusion est acquise.